Séismes

L'ampleur du tremblement de terre en Italie
 
 

 

Le séisme en Italie était-il prévisible ? ALAIN LALLEMAND - mardi 07 avril 2009
La polémique enfle en Italie sur la « prévision » d'un scientifique transalpin, Gioacchino Giampaolo Giuliani, qui s'était vu traiter d'« imbécile ». Mais la communauté scientifique conteste la possibilité de prévoir avec exactitude un séisme.
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Il y a tout juste une semaine, le 31 mars, le chef de la protection civile italienne Guido Bertolaso avait demandé que soient punis « ces imbéciles qui se divertissent en diffusant des informations fausses. (…) Nous savons tous qu'on ne peut prédire les tremblements de terre. » Et la semaine dernière, la justice lui a emboîté le pas : technicien au laboratoire national du Gran Sasso (le plus grand laboratoire souterrain au monde en physique des particules), Gioacchino Giampolo Giuliani s'est vu intimer l'ordre, par pli judiciaire, de retirer de l'internet les résultats de ses recherches. Son crime ? Avoir annoncé depuis février qu'aux environs du 29 mars, les Abruzzes seraient le théâtre d'un tremblement de terre « désastreux » . Effectivement, le 29 mars, l'alarme fait long feu : le village de Sulmona est bien victime d'un tremblement de puissance 4 sur l'échelle de Richter, mais rien qui justifie la panique propagée dans la région.
Car il y a bien eu panique : convaincue par Giuliani, dès la première et unique secousse, qu'elle devait s'attendre à une sorte de fin du monde, la population de Sulmona s'est retrouvée dans la rue avec ses matelas. Le maire ne savait plus s'il devait déclencher un plan d'évacuation ou appeler au calme. Comme on le sait cependant, il y eut les secousses ultérieures… À peine une semaine (et bien des secousses) plus tard, le chef de la protection civile est malheureusement devenu coordinateur des secours, et « l'imbécile » bout de colère : « Quelqu'un aujourd'hui doit me demander pardon », déclare-t-il à la Repubblica . Cette nuit du 6 avril où le tremblement de terre a vraiment martyrisé l'Italie, « je ne savais plus vers qui me retourner puisque j'avais été inculpé pour avoir prédit le tremblement de terre. J'ai éprouvé une incroyable sensation de peur, doublée, chez moi en particulier, de colère : on m'a traité d'imbécile en affirmant que les tremblements de terre n'étaient pas prévisibles… »
Comment ce technicien de laboratoire a-t-il pu pressentir le drame ? En 2001, il était occupé à mesurer des particules cosmiques – spécialité du laboratoire souterrain – lorsqu'il constate une concentration extraordinaire de gaz radon, liée aux secousses qui, à l'époque, frappent la Turquie. Le radon, « tueur des caves » mal ventilées, est un gaz rare et radioactif, le plus lourd des gaz élémentaires, que la seule pression atmosphérique empêche généralement de quitter la croûte terrestre. Sauf lorsque le sol bouge et permet à ce gaz de remonter, sinon en surface du moins dans les derniers mètres de sol.
Giuliani a pris deux ans pour mettre au point, seul, un instrument qui mesure la présence sous terre de radon puis, à l'aide d'un unique sismographe, a vérifié qu'il existait effectivement une corrélation entre la libération de ce gaz et un séisme. « En 2002 par exemple , déclare-t-il à la rédaction de Donne Democratiche , lors du tremblement de terre de San Giuliano, nous avons enregistré des valeurs cent fois supérieures à la normale. »
Le premier exemplaire de cet appareil de mesure du radon – qu'il appelle « précurseur sismique » – sera installé auprès de son employeur, le laboratoire national du Gran Sasso, avec l'avantage d'être de facto une installation souterraine (le laboratoire est en moyenne à moins 1.400 mètres sous terre) et d'être situé à un emplacement stratégique, à quelques kilomètres de l'Aquila seulement. Mais un seul capteur permettait à peine de détecter une menace qui se ferait jours dans les cinquante kilomètres alentour. Pas question de recouper les signaux d'alerte, de procéder à des triangulations.
Aujourd'hui, après neuf années de recherche, cinq « précurseurs sismiques » existent, tous implantés dans la région, à plus de trois mètres de profondeur, et ils permettraient, selon le chercheur, « d'anticiper de 6 à 24 heures un tremblement de terre, avec une efficacité supérieure à 80 %. (…) Je peux détecter des événements à 100 ou 150 kilomètres. » En tout état de cause, lorsqu'une secousse sismique se produit, les graphiques émis par ces précurseurs sont concordants.
Tant la théorie que la structure expérimentale d'alerte étaient prêtes en 2005, et ont fait l'objet d'une communication en séminaire. Et pourtant… La communauté scientifique serait sceptique. « Elle m'observe avec intérêt , confirme Giuliani. Une partie me fait confiance, comme le directeur de l'Institut national de physique nucléaire (NDLR : dont dépend le laboratoire de Gran Sasso). Mais une autre partie est plus prudente, plus sceptique. » Logique : si la technique est connue depuis 1995, les spécialistes estiment que son efficacité ne peut être généralisée à tous les cas de tremblements de terre.
Les principaux séismes en Italie depuis vingt ans - AFP - L undi 06 avril 2009
Voici les séismes les plus meurtriers depuis près de vingt ans en Italie, dont le centre a été frappé lundi par un violent tremblement de terre qui a fait au moins 50 morts selon un bilan provisoire.

- 13 déc 1990 : Un tremblement de terre frappe la Sicile, entre Catane et Raguse, faisant 17 morts et 200 blessés.

Le 5 mai, une forte secousse avait fait quatre morts près de Potenza, dans le Basilicate (sud).

- 26 sept et 3 oct 1997 : Deux tremblements de terre frappent l'Ombrie (centre) et les Marches (centre-est), à une semaine d'intervalle, faisant douze morts, plus de 110 blessés et 38.000 sans-abri. Le séisme dévaste plusieurs villages de montagne et endommage des édifices historiques, dont la basilique de Saint-François d'Assise, où quatre personnes sont tuées par la chute d'une voûte.

- 17 juil 2001 : Au moins trois morts dans un tremblement de terre dans le Haut-Adige, près de Bolzano (nord).

- 6 sept 2002 : Un tremblement de terre fait deux morts à Palerme (Sicile).

- 31 oct 2002 : 30 personnes sont tuées et une soixantaine blessées dans le village de San Giuliano di Puglia (Molise, centre-est) frappé par un violent tremblement de terre. 27 enfants et leur institutrice ont trouvé la mort dans leur école dont le toit s'était effondré. Deux autres femmes sont décédées dans l'effondrement de leur maison. Le village n'était pas classé comme zone à risques.

- 6 avr 2009 : Un violent tremblement de terre frappe le centre de l'Italie, faisant au moins 50 morts et plus de 50.000 sans-abri, selon un bilan officiel encore provisoire. L'Aquila, capitale de la province montagneuse des Abruzzes, est la ville la plus touchée par le séisme.

L'ensemble du territoire italien, qui s'étend sur plusieurs plaques tectoniques, est fortement exposé aux risques de tremblements de terre.

Le 23 novembre 1980, un fort tremblement de terre a frappé la Campanie (centre) et le Basilicate (sud), faisant 2.916 morts et 20.000 blessés dans la région de Naples.

Les séismes les plus meurtriers qui ont frappé l'Italie ont été le tremblement de terre du 28 décembre 1908 qui a frappé le détroit de Messine, dans le sud du pays, faisant, selon des chiffres approximatifs de l'époque, environ 95.000 morts entre les villes de Messine et Reggio Calabria, et celui du 13 janvier 1915 qui a fait 30.000 morts dans la région des Abruzzes.

(afp)



Faible probabilité que la Belgique soit touchée par un fort séisme
BELGA - lundi 06 avril 2009, 15:26
La Belgique n'est pas à l'abri d'un séisme tel que celui qui a secoué lundi la région des Abruzzes en Italie, mais la probabilité est faible, a expliqué Thierry Camelbeeck, de l'Observatoire Royal de Belgique. Trois tremblements de terre similaires se sont produits en Belgique depuis le 14e siècle.

Un tremblement de terre d’une magnitude de 5,8 a frappé lundi à 3h32 la région des Abruzzes, et en particulier la ville de l’Aquila.
« La plaque tectonique qui a provoqué le séisme en Italie est une plaque rigide et est une extension de la croûte terrestre qui génère régulièrement des tremblements de terre d’une magnitude de 6,8 à 7 sur l’échelle de Richter », précise Thierry Camelbeeck, responsable de la section de séismologie de l’Observatoire Royal de Belgique. « Tous les 10 à 15 ans en moyenne, l’Italie est touchée par un séisme d’une magnitude de minimum 6 », poursuit-il.
Thierry Camelbeeck estime toutefois que ce tremblement de terre est modéré car il s’est limité sur une longueur de faille de 10 à 15 km, alors que certains séismes ont eu une longueur de faille de 80 à 100 km. « Cette secousse se situe à mi-chemin entre celle de 1997 qui avait endommagé la basilique de Saint-François à Assise et celle du 23 novembre 1980 où près 3.000 personnes avaient péri et 2.000 personnes avaient été portées disparues ».
Trois tremblements de terre d’une magnitude égale ou supérieure à 6 ont secoué la Belgique depuis le 14e siècle. Les Belges ont ressenti les secousses d’un séisme d’une magnitude de 6, qui a touché le sud de la Mer du Nord, en 1382, et le Pas de Calais en 1580. La région de Verviers a été frappée par un séisme de 6 1/4 en 1692.
Faible probabilité
« Un séisme d’une magnitude supérieure à 6 pourrait secouer la Belgique mais la probabilité reste faible », souligne Thierry Camelbeeck.
Un séisme d’une magnitude de 5,8 avait frappé le pays le 14 mars 1951, un autre d’une magnitude de 5 avait touché la région liégeoise le 8 novembre 1983 et un troisième d’une magnitude de 5,8 avait secoué la Belgique le 13 avril 1992.
Un tremblement de terre d’une magnitude de 2,2 a touché le Brabant wallon le 26 mars dernier, portant le nombre de séismes dans cette région à 118 depuis le 12 juillet 2008. La plus grosse secousse de cette série remonte au 13 juillet 2008 avec une magnitude de 3,2.
(belga)
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